élucubrations

fin damnée

Posted by guy on 05/01/2012

Joyeux Noël, et bonne fin damnée !


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Chatpain, par Loré

Amies et Amis,

Et voici que pour l'an Vingt Douze, les mages nous promettent une nouvelle fin du monde – pour de vrai cette fois, les autres genre l'an Mille, Déluge et autres Punitions divines n'étaient que des répétitions, des entraînements, comme les pubs et les bandes-annonce qui précèdent le film. Tout doit disparaître !… clamaient les vitrines de ma jeunesse en cas de cessation de commerce, fin de bail, on liquide.

Cette année Vingt Onze, j'ai consacré beaucoup de temps et d'énergie à me re-cultiver. Edgar Morin, Jean-Claude Carrière, Bernard Maris, Pierre Rabhi – et les dix mille  citations d'autres "intellectuel(le)s" dont ceux-ci sont capables, toutes ces fleurs de méninges comme disait Boris Vian ont jeté une lumière souvent dure, parfois crue, parfois douce, parfois sublime, sur cette époque inquiète et inquiétante où nous sommes.

Certes, la Culture contemporaine est tellement enthousiasmante – gorgée de talents formidables et de ressources imaginables à souhait, elle démontre une abondance à laquelle on ne croyait plus, une sagesse même !… ou à tout le moins, une lucidité bien agréable à lire, à entendre, à contempler ; alors qu'elle décrit souvent, hélas, l'horreur de la situation telle qu'elle se présente aujourd'hui, selon les observations qu'on peut faire rien qu'en vivant sur Terre un peu curieux.

On dirait que Thanatos a gagné la partie multimillénaire contre Éros ?… mortifères sont bel et bien les moyens de production mis en oeuvre pour alimenter nos étranges modes de vie, atroces les conséquences, naturelles et notamment humaines, d'une organisation mondiale dont la folie est de se prétendre "rationnelle" à tout crin, de résoudre tout par la technologie et d'adorer l'Argent comme aucun dieu jamais ne fut adulé, chouchouté, conforté dans son Existence.

À propos, quelles technologies ?… celles qu'inspire l'appât du gain, pardi ; utiles à gagner de l'argent, rien d'autre. Un peu court comme vision, remarquent les sages, ne manquerait-il pas quelque chose ?… de l'altruisme, par exemple, ou de la solidarité, de l'âme ?... il se peut que sur ce ton-là, les techniques à mettre en oeuvre ne soient pas les mêmes, ni la façon de s'en servir puisque l'intention est bien différente du "besoin" d'argent.

La fin damnée serait donc évitable ?… rien n'est moins sûr, car si annoncée fût-elle par deux guerres mondiales et tant d'autres désastres survenus ou potentiels, dont dame Culture a produit quantité de représentations, analyses, solutions, prospectives – et malgré tout l'amour qu'on porte à tous les enfants si sympa, le paiement mensuel de nos factures nous impose d'obtempérer à la loi cyber-industrielle, de subir le "stress" qu'elle suppose et d'être par ce biais-là, identifiés au monde ou comme on dit, "connectés". NB. même les 1% de "puissants" n'y échappent pas. Personne !

Vous avez dit quoi, "solutions" ? "enfants" ?… pour ne pas étouffer sous la menace et l'envie d'une sécurité de toutes façons hors de portée, il est bon d'ouvrir les fenêtres en grand de ces côtés-là. Quant aux premières les auteurs précités et leurs confrères évoqués ne sont pas chiches, parmi eux ou ailleurs on trouve quantité de tentatives et d'explorations concrètes… et bienvenue à quiconque veut bien s'y intéresser ou participer d'une manière ou l'autre : question d'emploi du temps, bien plus que de l'argent !

Il paraît aussi qu'aux enfants si sympa, on doit livrer un monde en bon état ?… hé bien, c'est raté une fois de plus. Nos enfants naissent sur une planète malade – pire encore, malade de l'humanité qui la parasite, donc promise à une fin damnée !

Les enfants ont ceci de sympa qu'ils et elles sont des humains, comme tout le monde ; comme vous et moi, elles et ils n'ont pas demandé à vivre, atterri(e)s comme ça d'une maman porteuse. Il y en a qui naissent sous les bombes, dans la famine ou dans l'exode, d'autres à l'usine (si), certain(e)s en prison… et quand ce n'est pas aussi grave la destinée offerte en standard n'est pas bien marrante, même caïd, même sans fin du monde déjà tout-à-fait avérée. Alors il arrive que les enfants, devenus "jeunes", réagissent.

Cette année les jeunes "indigné(e)s" ont adopté le mot d'un diplomate nonagénaire *, dégagé de vilains paquets de dictateurs multimilliardaires, manifesté leur désaccord avec l'Unyvers dominé par la Phynance, compris que l'économie est une "fiction imaginaire" (Clower et Howitt), revendiqué d'être les 99% qui n'ont pas la puissance – mais par contre, peut-être, ce qui manque à celle-ci : du coeur. Et pour bien faire, ils ont en plus su mobiliser les "réseaux sociaux" offerts par la technologie afin d'informer tout le monde de la révolte en cours, de ses multiples "idées" et progrès. En temps réel… elle est pas belle la vie ?

À propos de temps, je profite de Noël – pour moi, fête du solstice qui marque l'aube d'un nouvel an, cette heure de petit déjeuner qui m'est devenu si agréable depuis que je le partage avec une fillette de cinq ans, toute pimpante et heureuse de se rendre à l'école… bref, je me glisse dans la panoplie d'Amour que Père Noël m'a apportée pour chanter comme toujours à pleine voix, la beauté du monde et le plaisir de vivre, voilà ; ça fait du bien par où ça passe !

Mais je sais bien que tout n'est pas si simple : Éros, mais aussi Thanatos, et encore beaucoup plus de complexités dans cet humain qui a cru pouvoir s'approprier le monde. Sommes-nous damnés ?… non, nous sommes simplement laissé(e)s à nous-mêmes, chacun(e) capable du meilleur comme du pire – et collectivement c'est pareil... damnés mon cul, dirait la Zazie * du métro.

Le capitalisme, comme le collectivisme, étaient des utopies obsédées de produire tant et plus ; ne connaît-on rien d'autre comme organisation des sociétés humaines si diverses, comme partage des efforts, des ressources et du temps ?… va falloir y songer de nouveau, qu'on le veuille ou non. Et ça se fait : les logiciels libres, par exemple, ou l'agriculture de proximité qui expose ses richesses sur l'étal avec un panier pour payer librement, ou encore associe ses consommateurs à l'acte de cultiver, récolter, etc… les moeurs évoluent (DSK est un "modèle" obsolète), les mentalités aussi ("solidarité" n'est plus un vilain mot, "altruisme" réapparaît dans la langue)…

Avec la prétention d'être modeste comme dit un ami, je serais bien embêté que la fin du monde nous tombe dessus en Vingt Douze comme ils disent tous. Vraiment pas le moment d'en rajouter, on a déjà bien assez de problèmes comme ça !

D'ailleurs, la Fin Damnée© sera privatisée en un rien de temps, cotée en Bourse et revendue par multipacks de douze doses conditionnées, labellisées bio et garanties sans colorants, hormones ni traitements génétiques ou chimiques, injectables en nano particules avec exhausteur de goût. Rien à craindre de ce côté-là, nous ne serons pas obligés d'acheter… quoique les publicistes y songent déjà, ça c'est sûr. Et les code-barres sont déjà prêts.

En fait, à force d'austérité partout nous n'aurons plus d'argent pour l'acquérir – alors, de quoi a-t-on si peur ?… la Crise ?… quelle crise ?… celle qui maintient l'ordre du gris chaque fois qu'on rigole un peu ?… celle qui va devoir dépenser des milliards à désosser des centrales hyper dangereuses et en planquer misérablement les reliques, non sans affirmer qu'avec le soleil, le vent, l'eau et autres abondances naturelles on n'en aura jamais assez (mais de quoi) ?… celle qui ravit l'enjeu de leur travail aux travailleurs et leur "dignité" aux chômeurs, immigrés, réfugiés et "salauds de pauvres", celle qui ignore les dépenses en énergies grises, achète des avions de guerre en pleine paix, et oublie toutes les tâches bénévolement accomplies dans ses comptes d'apothicaire ?… crise mon cul, dirait Zazie de nouveau.

Si j'ose, je lui dirai plutôt merci à dame Crise, de nous bouter hors d'un système qui, même Barack Obama le disait l'autre jour "(…) fait bien sur un autocollant de pare-chocs. Mais il y a un problème : cela ne marche pas. Cela n'a jamais marché. (…) Et ce n'est pas faute d'avoir essayé." (discours d'Osawatomie, cité par Le Temps du 10.12.2011). Indigné lui aussi, après ceux d'Occupy Wall Street ? se demande le journaliste (Frédéric Koller). On se sent moins seuls…

Voici l'heure de l'école de cirque : là, les enfants apprennent à tomber, à jongler, à cabrioler en tous sens – et aussi, ils y connaissent la solidarité et la confiance dans l'autre, sans lesquelles la voltige finit mal à coup sûr. 

Si vous aimez vos enfants, la vie ne vous semblera jamais absurde.
(d'après Krishnamurti *).

Et voilà, c'est Vingt Douze qui commence !… youpi !

Guy Michaud

* (Oui, je la cite souvent celle-là, et en plus c'est Noël !)...

Domaine la Pitrerie aux Mayens-de-Sion, 21 décembre 2011.

Quelques liens en rapport avec les auteurs et ouvrages consultés :

Edgar Morin * Jean-Claude Carrière * Bernard Maris * Pierre Rabhi 
Diplomate nonagénaire * Fleurs de Méninges * Zazie dans le Métro 
Krishnamurti


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Neutrinos

Posted by guy on 23/09/2011

Affaire Neutrinos : l'entraîneur avoue.

Le monde scientifique est en émoi : ce vendredi 23 septembre 2011 le CERN annonçait avoir mesuré des neutrinos qui, traversant à fond les manettes son laboratoire long de 738 kilomètres (nommé OPERA et destiné à de tout autres recherches, mais pendant les récréations on ne s'ennuie pas), auraient pris vingt bons centimètres d'avance sur les photons partis juste en même temps.

(À propos de cette découverte, voir aussi http://public.web.cern.ch/public/Welcome-fr.html où l'on apprend notamment que ce qui va encore plus vite que la lumière, c'est la rumeur, et que qui est au centre de toute ces recherches s'appelle supersymétrie).

La rédaction de la Pitrerie s'est procuré le portrait original de Bright, le gentil neutrino gagnant (ici fortement agrandi), lequel aurait franchi la ligne d'arrivée trois nanomètres devant les autres.

 

Neutrino.jpg

Sponsors de l'équipe des photons, les chronophages Breitbling, les laborapoires Homard Triste et la fondation Gil Bites (prononcer "baytes") pour plus d'éthique dans la science et plus de science dans l'éthique ont ordonné la séquestration des bagages de la particule suspecte, dans lesquels on a trouvé des tablettes d'Ovomartine et des hormones de croissants chauds. Toutefois, les neutrinos n'ayant ni système sanguin ni appareil urinaire, la police a dû renoncer aux analyses classiques.

Contre la remise d'un chèque de cent francs suisses (soit deux millions de dollars au cours de Noël 2011) généreusement offert par la fondation Bites, l'entraîneur de l'équipe des neutrinos a avoué que ceux-ci n'étaient "pas dans leur état normal" pendant la course – refusant toutefois de dévoiler son astuce, sur laquelle il compte bien pour le prochain Nobel d'éthique nucléaire.

À la cafeteria du CERN le bruit sourd qu'il aurait fait courir devant l'équipe une neutrinette, hypothèse scientifiquement dubitable quand on sait que les neutrinettes sont ces produits de Prosper et Brumble qui servent à neutraliser les odeurs de chiottes.

Tout ça pour dire qu'on en prend du bon temps, au CERN (Centre Exopéen de Radotages Nécessaires, sis à la Pitrerie, Mayens-de-Sion Est)....... 

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