fukushima mon yaourt
À la Pitrerie, on se demande parfois : à quoi sert d'inventer des histoires ? les réalités, ou ce qui nous apparaît telles, sont tellement caricaturales qu'on n'oserait pas les rêver. Et puis, c'est pas toujours drôle, faut dire…
En 1968 (et environs) on appelait "contestataires" celles et ceux qui ne voulaient pas continuer comme avant, la course folle à la consommation. Bientôt un demi-siècle après, que sont devenues les fleurs ?… comme disait une jolie chanson d'encore une autre époque…
À Fukushima mon yaourt, les opérateurs n'avaient pas bien lu le mode d'emploi de la centrale ; ils ignoraient qu'en situation critique, les vannes du condensateur chargé de refroidir malgré tout la bombe afin qu'elle renonce à exploser, pouvaient se fermer spontanément au nom de je ne sais quelle sécurité ; de toutes façons, la zone de ces vannes était déjà trop irradiée pour qu'on aille les fermer à la main dorénavant. Les jauges affichaient un niveau d'eau acceptable, quoiqu'en lisant le mode d'emploi, les pilotes eussent appris que sous certaines conditions elles mentaient effrontément ; donc les bonshommes étaient (presque) rassurés, avant que ça saute…
pour mémoire (Keystone)
Ainsi, à la catastrophe naturelle s'ajouta l'artificielle, encore plus féroce. Notez bien, rien ne dit que si les géniaux ingénieurs avaient lu le mode d'emploi de leur machine, et même appris par coeur le chapitre "crise", l'irradiation massive eût été évitée. Car "sécurité nucléaire" est un oxymore (jusqu'à nouvel avis peut-être, mais alors sérieux cette fois !)…
taches solaires (Loré)
L'Europe existera-t-elle enfin ?… je veux dire une vraie, avec Constitution, parlement, gouvernement, budget – et surtout, droits démocratiques, genre suisse. Un vieux rêve auquel, jeune, je ne pouvais que souscrire pleinement, avant de devenir citoyen du Monde ! évidemment.
Le bilan, à ce jour, ne donne guère envie à mes congénères d'être partie prenante, à cette machine techno-économique dont les pilotes chignotent longuement de microscopiques fonds, appelés "budgets", triste édifice dont l'écroulement est annoncé chaque semaine, entre deux "sauvetages" plus laborieux qu'utiles. Tout ça, érigé sans grand respect pour la démocratie…
vents solaires (Loré)
Ce merveilleux Soleil dont on tire nos ressources les plus vitales, fait partie désormais de nos amis cosmiques : on le connaît de mieux en mieux et notamment, ses sautes d'humeur. Ici capté par les télescopes de la Pitrerie (photos par Loré, notre jeune stagiaire, du premier août 2012 aux Mayens-de-Sion vers 22 heures), on assiste à un événement qui pourrait mettre en panne toutes les installations électriques, électroniques, respectivement informatiques de la planète.
Heureusement, le tsunami magnétique fut habilement retenu par dame Nature, et dévié in extremis. Incroyable, n'est-ce pas ?… en fait, quand l'événement eut véritablement lieu (en 1906 sauf erreur) juste un télégraphiste fut brûlé grièvement, quelques pannes furent à déplorer mais rien ne fut bouleversé dans le cours des choses… bien sûr, dans notre monde hyperconnecté l'aventure serait tout autre…
Entre solstice et équinoxe (2013), les médias diffusèrent notamment que le peuple japonais serait massivement pour le retour au nucléaire, "pour sauver l'économie" paraît-il : juste une poignée de militants à Tokyo, pour contester la remise en marche du système.
Je n'ai pas vérifié l'info, tant elle m'atterre. "La nature humaine", diront-ils, vous comprenez… ben non, je ne comprends pas.
Mais je ne peux pas clore cette revue de nouvelles archiconnues, sans en placer une d'optimiste : et même qu'il y en a bien d'autres !
Celle-ci émarge de la démocratie directe suisse, dont le pouvoir contestataire fait la fierté de notre pays :
Puksha à l'oeuvre (Guy)
nature pas morte (Loré)
Revenu inconditionnel, voici un oxymore en passe de changer d'allure. Pour finir sur une note joyeuse ce trimestre d'hiver un peu trop morose, j'ai signé cette initiative populaire qui reconstruit tout un système social, rapport du travail à l'argent par exemple… en Suisse !… mes ancêtres eussent cru à la fin du monde, eux qui gagnaient leurs pains à la sueur de leurs fronts (même le meunier qui fit faillite pendant la crise des 30).
Mais nous voici en 2013, équinoxe de printemps, la situation a tellement changé, en Suisse, en Europe, dans le Monde… redonner de la dignité au travail, sera peut-être un effet de cette drôle de Crise au bout du compte (on s'occupe bien de la dignité dans la mort, pourquoi pas de celle du travail dans la vie ?)…
C'est le printemps !… après la neige, les frimas et la grippe c'est une nouvelle ère qui commence, qu'on le veuille ou non, saison contribuant malgré elle au cours de l'histoire.
Les enfants s'en fichent pas mal que l'histoire soit vraie on non, pourvu qu'on la raconte ; rien de plus ténu que la différence entre réalité et fiction. À quoi sert-il donc de narrer ?… à apprivoiser la vie sans doute, créative et impermanente qu'elle est. À partager peut-être, comme avec les enfants, l'humour, la fantaisie, la fantasmagorie, le plaisir du récit, d'une description du monde.
Paradigmes (Wikipedia)
Avec un univers devenu caricature (et pathétique en plus), les récits se ressemblent et se rassemblent dans une diversité époustouflante d'auteurs, de sources, de recherches plus ou moins pragmatiques et d'explorations improbables – quoique bien aussi sérieuses que le besoin de sauver l'économie !?
C'est grâce à tous ces travailleurs-là que la caricature devient intelligible dans sa complexité. Ainsi, quoique dans l'impossibilité de citer ou référencer tout ce qui en vaut la peine, la Pitrerie se fait un plaisir d'exposer ses trouvailles sur son site www.pitrerie.ch.
Quelle chance, vous y êtes, justement…
Et youpi donc !
Guy Michaud, fondateur
Domaine la Pitrerie, le 25 mars 2013.